
Née Marie Rose Élodie

Registre de la paroisse Saint-Sauveur de Québec, 1906
Marie Rose Élodie est née le 24 octobre 1906. Son père Ferdinand Gauvreau (1868-1953) avait 38 ans et sa mère Desneiges Plamondon (1873-1948) avait 33 ans. Antonio, son frère était son parrain et sa cousine Élodie Rochette était sa marraine lors de son baptême le 25 octobre 1906 à la paroisse catholique Saint-Sauveur de Québec.
Élodie Rochette était une cousine née probablement de l’union de Joseph Omer Rochette et de Julie Anne Plamondon, la sœur cadette de sa mère Desneiges (à confirmer).
Tout comme les autres enfants de la famille, elle grandit entourée des siens dans une famille où l’amour est très présent, autant que la musique et une éducation imprégnée d’intelligence émotive.
Elle faisait des études lorsque les sœurs de Saint-François d’Assise de Québec détectent chez elle un potentiel de vocation. Avec la promesse faite à sa mère qu‘elle pourra poursuivre ses études en communauté, elle quitte sa famille et rejoint la congrégation. Au prononcé de ses vœux, elle prend le nom de Sœur Sainte-Marguerite de Lorraine. Malheureusement, la communauté ne tiendra jamais sa promesse.

Je me souviens que tante Rose était très présente, même si elle vivait dans un couvent à Québec alors que nous habitions en banlieue de Montréal. Comme elle était hospitalière à l’Hôpital Saint-François d’Assise de Québec, elle était auprès de ma mère à ma naissance, comme à celles de mon frère et de ma sœur. Sans doute a-t- été là pour mes tantes à la naissance de leurs enfants. À la mort de mon père, elle était auprès de lui avec d’autres membres de la famille à l’Hôpital Sainte-Jeanne d’Arc. Elle était en quelque sorte la force silencieuse qui accompagne et qui rassure. C’est du moins ce que je percevais.
Rose Gauvreau avec son frère Vincent (mon père) et moi, âgé environ de 5 ans ,sur la photo de droite
Je me souviens aussi avoir participé à son cinquantième anniversaire de vie religieuse. J’ai surtout retenu que les chips et les sandwichs pas de croute qu’on nous avait servis étaient indignes de cette femme qui avait consacré sa vie à Dieu et au service des autres. On a beau me parler du vœux de pauvreté, il ne faut quand même ne pas être « cheap » à ce point. Ça été un sujet de discussion dans la famille.
Qui était la bienheureuse Marguerite de Lorraine?
Avant le Concile de Vatican II, les personnes qui entraient dans une communauté religieuse abandonnaient leur prénom et nom de famille. Cette tradition du changement de nom exprimait qu’en entrant dans la vie religieuse le ou la baptisé-e entreprenait un nouveau chemin à la suite du Seigneur. Cette pratique est toujours courante dans certaines communautés traditionalistes. Elle existe aussi dans d’autres religions. Par exemple, elle est courante dans la mouvance islamique pour marquer la conversion et le renoncement aux anciennes croyances.
Rose Gauvreau a choisi le nom de Marguerite de Lorraine. Si j’ignore la raison véritable de ce choix, je peux quand même retracer l’histoire de celle qui a porté ce nom à l’origine. De plus, ça permet de comprendre les motivations de tante Rose.
La Marguerite de Lorraine du 15e et 16e siècle était clarisse, donc une fidèle de la spiritualité de Saint-François d’Assise. L’Église catholique ne l’a jamais reconnue comme sainte, mais la considère bienheureuse.
La béatification est un acte effectué par le pape, qui consiste à mettre quelqu’un au rang des « bienheureux ». Il s’agit d’une personne dont les mérites et les vertus ont été reconnus par l’Église. La canonisation ou déclarer une personne comme sainte est une déclaration solennelle par laquelle le pape, à la suite d’une longue enquête, ou procès, inscrit un personnage au catalogue des saints et autorise qu’un culte public lui soit rendu dans l’Église.
Habituellement, les trois étapes pour être reconnue sainte sont la reconnaissance de la vénérabilité de la personne, sa béatification et enfin sa canonisation.
« La bienheureuse Marguerite de Lorraine est née en 1463 au château de Vaudémont et morte en 1521, à Argentan dans le duché d’Alençon. Nous allons donc commémorer en 2021 le Ve centenaire de sa mort, mais aussi le centenaire de sa béatification en 1921.
Marguerite était la petite fille du Roi René d’Anjou et la sœur du duc de Lorraine René II.
Mariée à 25 ans au duc d’Alençon, elle donna la vie à trois enfants. Devenue veuve très jeune, elle hérita du gouvernement du duché jusqu’à la majorité de son fils aîné. Elle fut une remarquable chef d’État et rétablit les finances ruinées de son duché et réforma la justice… tout en élevant ses enfants. De même, elle s’employa à ramener la paix et l’unité dans le diocèse de Séez (Orne). Fascinée par saint François et sainte Claire d’Assise, Marguerite accorde beaucoup d’attention aux pauvres et aux malades, les sert volontiers et fonde pour eux un hôpital à Argentan. En 1520, quand son fils aîné accède au trône ducal, Marguerite se retire chez les clarisses d’Argentan, couvent qu’elle avait fondé en 1498, et y mourut en 1521, en odeur de sainteté.
Elle était la sœur de René II, la belle-sœur de Philippe de Gueldre, duchesse de Lorraine morte en odeur de sainteté à Pont-à-Mousson chez les clarisses elle aussi, et aussi la belle-mère de Marguerite de Navarre qui l’admirait beaucoup et l’aïeule du roi Henri IV. »
Référence : Catholiques EN MEURTHE-ET-MOSELLE
Les sœurs de Saint-François d’Assise à Québec
En 1837 à Lyon, en France, Anne Rollet fonde les Sœurs de Saint-François d’Assise, une communauté religieuse de tradition franciscaine vouée à l’enseignement. Reconnue en 1853 comme congrégation hospitalière et enseignante, c’est en éducation qu’elle œuvre principalement. En 1904, la décision du gouvernement français d’interdire l’enseignement aux communautés religieuses pousse les sœurs à s’orienter vers le soin des malades. À la même époque, Zoël Lambert, curé de Beauceville, recherche en France des religieuses pour prendre en charge l’hôpital qu’il désire fonder. Quatre sœurs de Saint-François d’Assise acceptent cette mission.
Arrivées à Beauceville le 22 octobre 1904, les sœurs se mettent à l’œuvre. Elles accueillent des malades dans une petite maison ou soignent ceux-ci à domicile en attendant la construction de l’hôpital. Lors de leurs premières années en Beauce, elles se consacrent aussi à l’enseignement et fondent quelques écoles. La communauté s’accroît graduellement par l’arrivée de sœurs venues de France et par l’ouverture d’un noviciat à Beauceville en 1910.
En 1907, des conflits éclatent entre les Sœurs de Saint-François d’Assise et leur curé, qui refuse de leur laisser la responsabilité de l’hôpital nouvellement construit. L’affaire, à son apogée en 1909-1910, se rend devant les tribunaux de Rome. Le jugement favorable aux sœurs est porté en appel par le curé Lambert. Lasses de se battre et de subir des persécutions de leur curé, elles quittent d’elles-mêmes Beauceville en 1912. Soutenues par l’archevêque de Québec Mgr Louis-Nazaire Bégin, elles s’installent alors à Québec, où elles fondent l’Hôpital Saint-François d’Assise en 1914. Elles y ouvrent le couvent Saint-François d’Assise en 1916 et le couvent de Notre-Dame-de-Grâce en 1918. La croissance de la communauté amène cette dernière à transférer sa maison mère et son noviciat à Charlesbourg (Québec) en 1926. Le nouveau couvent, nommé Sainte-Marie-des-Anges, comprend aussi un pensionnat.
Les fondations des Sœurs de Saint-François d’Assise se multiplient ensuite de façon importante. Ces dernières fondent le pensionnat de l’Enfant-Jésus (Vallée-Jonction) (1927), les couvents de Saint-Jean-Chrysostome (Lévis) (1929), de Saint-Benjamin (1929) et de Sainte-Rose-de-Watford (1942), et près d’une vingtaine d’autres établissements scolaires dispersés dans la province jusque dans les années 1960. En plus de leur hôpital de Québec, elles ouvrent ou prennent en charge, l’Hôpital Sainte-Jeanne d’Arc à Montréal (1926), l’Hôpital Notre-Dame de Charny (Lévis) (1942), l’Hôpital d’Armagh (1967) ainsi que de nombreux foyers pour personnes âgées, tels que la maison Notre-Dame-du-Cénacle (1954) à Trois-Rivières, le foyer de Thetford Mines (1967) ou encore le centre d’accueil Saint-François (1973).
À partir des années 1940, l’appel des missions se fait sentir chez les Sœurs de Saint-François d’Assise. Elles sont actives particulièrement en Haïti, où elles fondent un sanatorium (1944), un noviciat (1945), un hôpital (1958) et plusieurs écoles. Elles se rendent aussi en Colombie en 1979 et au Chili en 1983 et 1987. Les soeurs s’occupent également de missions amérindiennes à Amos à partir de 1954 et à la réserve Obedjiwan à partir de 1962, dans le Haut-Saint-Maurice.
En 1965, la maison généralice des Sœurs de Saint-François d’Assise est transférée de Lyon au Canada et une Canadienne est nommée supérieure. La communauté compte alors quelque 376 membres. Durant les années 1970 au Québec, la communauté se fait retirer plusieurs de ses établissements dont les hôpitaux Saint-François d’Assise (Québec) et Sainte-Jeanne d’Arc (Montréal). Elle se tourne alors vers de nouvelles tâches, entre autres, la pastorale scolaire, l’aide auprès des femmes violentées, le soutien scolaire des enfants ou encore l’évangélisation des jeunes par l’intermédiaire de leur mouvement les Brebis de Jésus (1985). Au début du XXIe siècle, les sœurs se dévouent auprès des enfants, des malades et des démunis.
Références : Répertoire du patrimoine culturel du Québec
Les 115 ans de Rose Gauvreau
Les prénoms Marguerite et Lorraine sont récurants dans la famille, probablement en l’honneur de tante Rose. Ma cousine Québec, fille de Paul Gagnon (Baie Saint-Paul-1910 / Montréal 1970) et d’Éliane Gauvreau (Québec 1909 / 2005) a les deux noms sur son baptistère. Mon autre cousine, Loraine Gauvreau-Yeatts qui vit au Colorado, fille de mon oncle Paul-Omer Gauvreau (Québec 1901 / Chicago 1944) et d’Euphémia (Pheme) Joerger (Chicago-1906 / 1990) porte aussi les deux noms. Rose poursuit ainsi à sa façon, sa route dans la mémoire de la famille.

Ce dimanche, c’est le 115e anniversaires de la naissance de Rose Gauvreau. Elle est décédée le 3 novembre 1982 à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus de Québec. Elle était âgée de 76 ans. Elle repose au cimetière de la congrégation dans l’arrondissement Charlesbourg à Québec.

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